La première concerne Chantal Akerman, dont l’œuvre expérimentale et visionnaire montre la matière de la vie, son ordinaire, sa fantaisie. Près de dix ans après sa mort, une rétrospective en salles et une exposition viennent enfin acter la reconnaissance de la cinéaste belge.
Télérama note l’importance de son œuvre :
” Longtemps, Chantal Akerman est restée à la marge. Le cercle de ses partisans était restreint. Triste ironie : son suicide en 2015, à l’âge de 65 ans, l’a fait sortir un peu de l’ombre. Mais sa vraie reconnaissance posthume est soudain arrivée il y a deux ans, lorsque la prestigieuse revue britannique Sight and Sound a délogé Sueurs froides (de Hitchcock) en hissant Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles à la toute première place du classement décennal des cent plus grands films de tous les temps. Si absurde que puisse être ce genre de palmarès (établi auprès de 1 639 critiques, universitaires et professionnels du cinéma), la nouvelle a provoqué un séisme dans le microcosme de la cinéphilie. Son nom circule depuis un peu partout. Sur Instagram, on tombe souvent sur son minois aux yeux vert d’eau, sa voix de petite fille et de grande fumeuse. Akerman a maintenant tout d’une icône. Paradoxale, car ses films sont encore largement méconnus, difficilement accessibles.
Grâce au distributeur Capricci, la reprise en salles l’an dernier de Jeanne Dielman… a déjà permis de (re) découvrir ce chef-d’œuvre visionnaire de 1976. Un succès : vingt mille personnes l’ont vu. C’est beaucoup au regard du film, exigeant, qui, rappelons-le, documente et transcende à la fois l’emploi du temps maîtrisé, puis qui se dérègle, d’une ménagère veuve (Delphine Seyrig, inoubliable). Et voilà qu’une plus ample actualité arrive enfin : rétrospective en salles, coffret de Blu-ray avec quarante-six films ( !), publication d’une mine d’or formidable (regroupant livres, scénarios, entretiens), exposition au Jeu de paume. Un événement à la mesure du continent que représente Chantal Akerman.
La seconde exposition concerne Tina Barley, une États-unienne qui a consacré toute son œuvre à photographier sa classe sociale d’origine avec une grande précision et un regard perçant sur la famille entre hérédité et reproduction. Le musée du Jeu de Paume présente ainsi la photographe et l’exposition qui lui est consacrée.:
” Née en 1945, Tina Barney entreprend à la fin des années 1970 de photographier ses proches et amis. Fine observatrice des rituels familiaux, elle s’intéresse particulièrement aux relations entre les générations dans le cadre domestique. Ses portraits colorés, souvent de groupe et de grand format, qui semblent à première vue tenir de l’instantané familial, sont pour la plupart soigneusement mis en scène par l’artiste, créant des tableaux composés qui établissent un dialogue avec la peinture classique. D’autres capturent avec spontanéité des moments insaisissables d’interaction entre les sujets. Tina Barney a par ailleurs souvent photographié sur commande : ses portraits de célébrités pour la presse, magazines de mode et marques de luxe témoignent de la même complexité, sensibilité et parfois humour que dans sa pratique artistique.
L’exposition, produite par le Jeu de Paume, dévoile une sélection de 55 tirages à grande échelle mêlant images en couleur et noir et blanc, clichés de ses débuts et productions inédites, œuvres de commande et personnelles, modèles connus telle Julianne Moore ou anonymes et proches de l’artiste.”
